J’ai reçu il y a quelques jours, presque un mois avant la date annoncée, les résultats du test généalogique sur l’ADN du chromosome Y de mon frère. Cette analyse a été faite via FamilyTreeDNA.
Cette analyse remonte la piste de ma lignée paternelle, la lignée du patronyme que je portais à la naissance, BILLARD. Le test a été fait à partir de l’ADN de mon frère, puisque seuls les hommes sont porteurs du chromosome Y et que ce chromosome se transmet de père en fils depuis la nuit des temps, avec quelques mutations – quelques erreurs de copie – de temps en temps. Ce sont ces mutations, ces erreurs de copie, qui permettent de déterminer à quelle population d’origine appartient la personne testée de nos jours, ou le squelette retrouvé dans telle tombe mérovingienne ou amérindienne ici ou là.
Sur le papier, en suivant la piste des actes, j’ai pu remonter cette lignée Billard – Bilhard selon la graphie fréquemment utilisée avant la Révolution – jusqu’au début du 17ème siècle, à Arques, petit village des Corbières, dans l’actuel département de l’Aude.
Sur l’extrait de carte que je vous propose, et que j’étudiais pour la première fois sur la carte de Cassini, publiée en 1777, je viens de découvrir un lieu dit qui porte le nom de Bilhard, le nom de ma famille. Sur les cartes IGN actuelles, ce lieu dit ne figure plus, la forêt a repris ses droits. Mais soyez assurés que je vais me mettre en piste pour en savoir plus ….
Revenons en à ma lignée paternelle. Rappelons que cette lignée est remontée d’après des actes déclaratifs, qu’il s’agit d’une lignée paternelle et qu’il y a bien sûr toujours une petite possibilité que quelque part dans la liste, le père ne soit pas vraiment le père ….. mais comme je ne peux pas le savoir, je vais partir du principe que ma lignée génétique suit bien ma lignée déclarative.
Depuis le début de la piste papier jusqu’au début du 20ème siècle, toute la lignée nait et meurt entre Limoux et Béziers. Mais d’où vient elle avant ? Est il possible de le savoir ?
Le patronyme, quand on regarde son éthymologie probable, et sa répartition sur le territoire français, est plutot d’origine nordique. On en trouve beaucoup en Normandie, dans le Nord ou autour de Lyon, et très peu en Languedoc. Quand j’avais analysé le recensement de Béziers en 1896, à la recherche de Michel Firmin Billard, ma famille était la seule à le porter, pour une ville d’importance plutôt significative. Je m’attendais donc à retrouver à travers ma lignée Billard une origine plutôt scandinave, correspondant à mes 25% Viking ……
Et pourtant, le résultat du test sur le chromosome Y de mon frère indique qu’il appartient à l’haplogroupe J M172, aussi appelé J2.
Voici la représentation graphique de la migration correspondant à l’haplogroupe J2.
Un haplogroupe, pour faire simple, c’est un peu une branche de l’évolution génétique de l’espèce humaine. On y regroupe les personnes qui ont un profil génétique similaire, qui partagent une mutation précise, et pour lesquels l’état actuel de la science nous dit qu’ils possèdent un ancêtre commun. Il y a des haplogroupes pour l’analyse du chromosome Y et d’autres pour l’analyse de l’ADN mitochondrial.
Voici à quoi ressemble l’arbre des haplogroupes du chromosome Y.
Revenons à mon haplogroupe J2, celui auquel mon père appartient.
L’origine de cette mutation serait apparue dans le Moyen Orient à la fin de la dernière glaciation, vers 15 000-20 000 avant JC. On l’associe à la découverte de l’agriculture dans le Croissant Fertile, entre le Tigre et l’Euphrate, principalement à la domestication des bovins et des caprins, puis à l’expansion de la culture méditerrannéenne. Dans l’état actuel des recherches, il semble que toutes les grandes civilisations méditerrannéennes qui se sont étendues sur le pourtour de la Méditerrannée, entre l’âge du bronze et l’âge du fer, sont liées à l’haplogroupe J2 : les Etrusques, les Minoéens, les Grecs, les Phéniciens, et dans une moindre mesure les Romains …..
Comment rapprocher cette information – étonnante et chargée d’émotion pour l’ancienne collégienne passionnée par les civilisations étrusque et grecque, pour la jeune femme qui a visité Mycènes avec ferveur, malgré les 35° à 8 heures du matin que je fus autrefois – avec ma lignée sur le papier?
L’étape suivante, c’est la colonisation romaine, bien sûr, et la Gaule Narbonnaise.
Dès 118 avant JC, une colonie romaine s’installe à Narbonne justement, et va être florissante, bien avant que JC – l’autre, Jules Cesar – soumette les Gaulois .
Pour être précis, voici une carte actuelle de la région.
La Voie Romaine, qui va de Narbonne à Carcassonne, suit en gros semble t’il un tracé parallèle à l’actuelle autoroute. Il est évident que des colons romains se sont installés le long de cette voie, ont construit leurs domaines, se sont mêlés à la population locale.
Alors, mon père descend il directement par son père et leurs pères avant lui d’un centurion romain venu coloniser une province barbare ? Peut être, rien ne le prouve, mais ce n’est pas incohérent. Seul le nom de famille ne correspond pas à cette hypothèse. Mais les patronymes ont été fixés trop tard pour que ce soit une preuve de l’impossibilité de cette théorie.
Pour en savoir un peu plus, et préciser plus dans le détail à quelle branche de l’haplogroupe J2 j’appartiens, il faut approfondir les tests. Ou plutôt payer pour qu’on me donne les résultats d’un niveau de détail supplémentaire, probablement déjà faits dès le départ, mais pas compris dans mon forfait de base. Pour l’instant, cette recherche, cette précision, ce n’est pas ma priorité. Pour l’instant, je dévore toute la nombreuse documentation que je trouve sur internet, j’essaie de la comprendre et de la digérer.
Au cours de l’été, je vous reparlerai de ces tests, des résultats et des réflexions qu’ils m’inspirent, des conseils que j’aurais voulu avoir avant de me lancer …. En attendant, je vais continuer à rêver que je suis une descendante d’Agamemnon …. tant que vous ne m’avez pas prouvé le contraire, je m’accrocherai à mon rêve.