Le week-end dernier se tenait à Amsterdam, aux Pays-Bas, la seconde conférence utilisateurs de la société de généalogie – et maintenant d’ADN récréatif – MyHeritage.
L’an passé, la première rencontre avait eu lieu à Oslo. Cette année, quand j’ai vu la liste des conférenciers invités, parmi lesquels Blaine Bettinger, Diahan Southard et Leah Larkin, trois spécialistes incontournables de l’ADN, et le lieu de la rencontre, Amsterdam, je n’ai pas hésité longtemps. Une partie des racines de mes enfants se trouve à Amsterdam et Haarlem, c’était aussi pour moi l’occasion de me rendre aux archives sur place, et d’en profiter pour aller voir d’anciennes collègues de travail, qui vivent maintenant là-bas.
Maintenant que je suis de retour à mon domicile, quelles impressions ai-je retiré de ces trois jours annoncés ?
Commençons par les choses qui fâchent.
La conférence était annoncée sur 3 jours, du vendredi 6 au dimanche 8 septembre, et le prix de cette conférence – payante, bien sûr, comme quasiment toujours pour les conférences généalogiques hors de France – était dans un premier temps de 150 euros. Le programme de la conférence n’a été annoncé que plus tard. Naivement je pensais qu’il y aurait donc 3 jours de conférences, et d’activités, dès le jour 1, dès le vendredi 6 septembre. Le 5 avril, j’ai réservé mon hébergement, puis le 22 mai, j’ai pris mes billets de train et acheté mon ticket pour la conférence. Quand MyHeritage a mis en ligne le programme, j’ai été déçue de constater que les festivités ne commençaient en fait qu’à 14 heures le vendredi – déjà une demi journée de moins – , avec le retrait des inscriptions, la possibilité de faire une croisière sur les canaux d’Amsterdam, activité très prisée des touristes dans la ville, et l’accès aux stands des exposants présents. Rien de bien passionnant, et surtout pas une vraie journée de conférence ….
Dans la réalité, il n’y avait que fort peu d’exposants, en dehors du support et de la vente de kits ADN de MyHeritage, clairement pas de quoi occuper une après-midi Pas grand chose non plus de très cosy au niveau des possibilités de rencontres entre participants ou avec les conférenciers, qui comme trop souvent discutaient entre eux dans un coin de la salle. Moi qui espérais avoir l’occasion de discuter un peu avec Blaine Bettinger autour d’une tasse de thé, je me suis contenté de faire la conversation avec un charmant monsieur hollandais aux commandes d’un arbre imposant sur les vieilles familles hollandaises. Finalement, ce n’était pas plus mal. En revanche, au niveau de la croisière annoncée, quelle déconvenue. Le bateau qui nous était proposé n’avait que très peu de places assises, et la plupart des personnes qui ont participé à la même croisière que moi sont restées debout. Quant au trajet suivi par le bateau, il est resté en périphérie du centre historique d’Amsterdam, n’allant sur aucun des superbes vieux canaux de la ville bordés de maisons patriciennes. Pour ceux qui comme moi pensaient faire une traditionnelle promenade en bateaux sur les canaux d’Amsterdam, naviguer en admirant les demeures le long du Prinsengracht ou de l’Herrengracht, quelle déception. Quand j’ai ensuite réalisé que les conférences seraient toutes diffusées en direct via internet – pas enregistrées et diffusées plus tard, non diffusées en direct – et gratuitement, j’avoue avoir été un peu énervée.
Je note aussi qu’une liste ou une carte interactive des restaurants à proximité de l’hôtel aurait été la bienvenue. Le restaurant gastronomique du Hilton n’était pas à la portée de la bourse des généalogistes présents – et l’hôtel non plus pour ceux qui n’avaient pu bénéficier du tarif spécial négocié par MyHeritage et vite totalement vendu. Le Hilton, où se tenait la conférence, se trouve dans un quartier résidentiel très chic d’Amsterdam, et ni la réception ni la conciergerie, ni de fait les organisateurs, n’avaient de plan simple ou de liste de restaurant de proximité à proposer.
Quand la soirée a commencé, j’étais un peu énervée et je me demandais ce que je faisais là …
C’est dans cet état d’esprit, malgré la présence de copains généalogistes européens, que j’ai abordé la première vraie journée de conférence.
Des conférences de qualité, teintées de marketing
Les conférences étaient organisées autour de trois thèmes différents, chacun dans une grande salle de conférence différente : un thème autour de l’ADN, un autre autour de la généalogie, ou plutôt des fonctionnalités de généalogie de MyHeritage – les ressources, les smarts matches, les nouveautés, et enfin un atelier abordant différents sujets de prise en main du logiciel ou de l’application. A aucun moment la place n’a manqué pour une personne souhaitant assister à telle ou telle conférence, alors même qu’aucune pré-réservation n’était requise. Point positif important.
Comme à Rootstech, le samedi a commencé par une conférence d’ouverture faite par Gilad Japhet, le fondateur et président de MyHeritage.
Comme toute « keynote » c’était un mélange d’autocongratulation, d’autopromotion et d’annonces, mais cela n’a rien d’étonnant, c’est ainsi que fonctionnent toutes les keynotes dans toutes les conférences. Gilad Japhet est malgré tout revenu sur la façon dont MyHeritage calcule l’ethnicité à partir des tests ADN, en reconnaissant qu’actuellement les résultats proposés n’étaient pas toujours forcément pertinents. Cette honnêteté par rapport au produit vendu et mis en avant par sa société m’a agréablement surprise, je l’avoue. Gilad Japhet en a profité pour nous expliquer que l’équipe scientifique de MyHeritage travaille actuellement sur une refonte de l’algorithme utilisé, nous a montré quelques exemples de recherches qu’ils font à ce sujet. Attendons la sortie de cette nouvelle approche, qui semble vraiment intéressante.
J’ai principalement assisté à des conférences portant sur l’ADN – j’étais venue pour ça, continuer à apprendre des meilleurs spécialistes sur ce sujet plutôt compliqué.
Bien sûr, toutes les présentations prenaient leurs exemples dans MyHeritage, les outils utilisés, l’interface. Pourtant ce n’était pas juste une mise en avant du produit, mais de vraies explications sur certains aspects techniques – le vocabulaire employé, des aspects techniques sur la transmission des informations génétiques, et beaucoup de conseils d’utilisation et de recherches, en prenant appui sur ce logiciel précis plutôt que celui d’un concurrent.
Toutes les conférences ont été diffusées en direct, je pense que les videos seront prochainement accessibles sur le site de MyHeritage. Si un sujet vous intéresse, n’hésitez pas à regarder une rediffusion, je n’ai pas assisté à une seule conférence inintéressante.
Bien sûr, toute la communication était en anglais, et c’est là qu’il faut que je vous raconte ma surprise en rencontrant une charmante française – nos pays d’origine étaient indiqués de façon très visibles sur nos badges, nous permettant de rapidement identifier des compatriotes. Cette dame française, utilisatrice convaincue et exclusive de MyHeritage – il semble qu’il y en a quelques uns – s’était déjà rendue en 2018 à Oslo où elle avait regretté que la conférence soit en anglais, sans service de traduction. A priori, son anglais est bien trop limité pour assister à une conférence. Et pourtant, cette année elle est revenue à Amsterdam, et se plaint également de la même chose. Pourquoi donc n’y a t’il pas de traduction simultanée ????
Si je vous raconte cette anecdote surprenante, c’est pour bien insister sur le fait que dans toutes ces conférences internationales, l’anglais est LA langue de communication. Ce sera la même chose à RootsTech London à la fin du mois d’octobre. Et jamais je n’y ai vu dans une conférence généalogique de mise en place de traduction simultanée, le coût en deviendrait prohibitif.
Si vous ne maîtrisez pas suffisamment l’anglais, ne perdez pas votre temps et votre argent à venir assister à ces conférences.
Si vous voulez avoir une idée de votre niveau d’anglais, regardez un webinaire en ligne. Comprenez vous ce qui se dit ? En tirez vous des informations intéressantes ? Si oui, n’ayez pas peur de venir aux conférences, l’anglais en direct, sans le passage par la déformation de la video, est même plus facile à comprendre. Et si vous ne comprenez pas suffisamment, ne perdez pas votre temps. Nous avons aussi de belles conférences très informatives un peu partout en France, dans notre langue maternelle.
Une organisation rôdée, efficace, conviviale
Que dire sur l’organisation de la conférence ? Au niveau pratique, à partir du samedi matin, tout était parfaitement géré. Temps suffisant entre chaque conférence pour changer de salle, pauses café généreuses, repas de midi sous forme de buffet copieux et excellent – même si le premier jour des files d’attente impressionnantes se sont créées, vite dispersées par les serveurs expliquant où se trouvaient d’autres points de restauration, d’autres tables .. -, goodies très sympathiques. On circulait facilement dans les couloirs, les salles étaient spacieuses et aérées, on n’a eu ni trop chaud, ni trop froid, et les chaises étaient confortables.
Et samedi soir, MyHeritage nous a invité à sa traditionnelle party, qui comme celle qu’ils proposent tous les ans à Rootstech fut une vraie réussite. Le thème était la Beatlemania, thème lié à l’histoire de l’hôtel, puisque c’est là, au Hilton d’Amsterdam, que le 24 mars 1969 John Lennon et Yoko Ono s’installèrent dans la suite 702 où ils restèrent dans le lit toute une semaine pour protester contre la guerre du Vietnam. Cet épisode, dit du Bed-In, a donc servi de prétexte à MyHeritage pour nous proposer une soirée animée par un orchestre interprétant des succès des Beatles, pour nous faire chanter et danser pendant trois heures.
Qui a dit que les généalogistes étaient des rats de bibliothèques tristes et effacés ?
Entre bilan officiel et bilan personnel
Traditionnellement encore, la conférence s’est terminée par une session de clôture – et d’autocongratulation. Oui, je sais, c’est le jeu.
450 personnes ont donc assisté à cette conférence, ce qui est un effectif présentiel tout à fait convenable. Quant à la visibilité en ligne, elle a été très importante, et je pense que c’est en fait le but que cherche MyHeritage. Obtenir la caution généalogique de pointures internationales est bien sûr excellent pour l’image de la société.
MyHeritage proposera en 2020 une 3eme conference utilisateurs. La date et le lieu précis ne sont pas encore annoncés, mais cette fois ci la conférence aura lieu en Israel, pays d’origine de MyHeritage. C’est un choix que je comprends de leur part, il est beaucoup plus simple de faire les choses en grand quand on joue à domicile. A Tel Aviv, ils auront toute la puissance de leur société sous la main, leur personnel pour proposer plus de service client, plus d’ateliers – avec moins de frais de déplacements à la clé. Les utilisateurs feront ils autant le voyage? L’avenir nous leur dira.
A mon niveau, il est peu envisageable que je me rende en Israel, avec le coût que cela représente, pour une conférence exclusivement sur une seule société, alors que les conférences seront probablement encore une fois disponibles en ligne et en direct.
Après une première journée que j’ai trouvé décevante, je reconnais que j’ai pris plaisir à cette conférence. Le fait que j’y ai retrouvé des copains, que j’ai rencontré de nouvelles personnes, compte bien sûr dans mon appréciation de l’expérience. Mais le « networking », c’est à dire les relations qu’on créée ou qu’on approfondit lors de ces rencontres, est toujours une part importante de leur succès et de leur existence. Nous ne faisons plus de nos jours de la généalogie seul dans notre coin, nous partageons nos techniques, nos idées, nos découvertes, nos ancêtres. La notion de communauté est au cœur même de ces conférences, et quand les organisateurs savent créer cette communauté, savent créer une ambiance conviviale de partage, ils ont quasiment assuré, à mon sens, la réussite de leur événement.
Et quand on ajoute la qualité des interventions, la possibilité de discuter – finalement – avec certains intervenants – Diahan Southard m’a gentiment consacré 10 minutes pour jeter un oeil sur une de mes recherches ADN, que je vais devoir reprendre grâce à ses conseils, la disponibilité du service support, à qui j’ai pu poser toutes mes questions, à qui j’ai fait part de toutes mes remarques, même celles qui fâchent, et qu’ils ont gentiment écoutées, pour moi le résultat est bien là. J’en ai eu très largement pour mon argent. Et j’ai passé un moment particulièrement agréable avec des gens qui partagent la même passion que moi.
A la fin du mois prochain, je me rends à Londres pour assister à Rootstech, un autre style de conférence, plus du tout monoproduit, plus diversifié. Et si vous veniez avec le petit groupe de genéalogistes français qui a déjà pris son billet ? Tentez l’expérience de la conférence internationale, vous pourriez y prendre goût.