Pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, je vous emmène sur les terres ancestrales de ma mère, dans le village de Latillé en Poitou.
Latillé, pour moi, c’est en premier lieu le Petit bourg, ce quartier de la commune où se trouvent les deux maisons de ma famille.
Latillé, le grand bourg, le village principal, est au sud de l’Auxances, le Petit Bourg est au nord de la rivière.
L’Auxance est une rivière tranquille, mais elle a fortement marqué son lit, comme on le voit facilement sur la carte d’Etat Major ci dessous. Si la rivière coule à une altitude de 116 mètres au dessus de la mer, les plateaux alentour, vers Pervé/Puyhervé au nord, ou le Moulin à Vent au sud, se trouvent entre 140 et 150 mètres d’altitude. Ce ne sont qu’une vingtaine de mètres de dénivelé, mais cette implantation sur les deux rives de la rivière a façonné le village et réparti ses activités et ses habitants.
L’homme a encore renforcé cette séparation naturelle entre haut bourg et bas bourg, comme on le lit parfois dans certains recensements, en faisant passer dans la vallée la grande route et la ligne de train, vers 1850.
Le haut bourg est un lieu de commerce, c’est là qu’au Moyen âge se trouve la halle, où se tiennent près de huit foires par an. En plus de la halle, remplacée à partir du règne de Louis XIV par une bâtisse plus grande, à deux étages, qu’on voit nettement sur le cadastre napoléonien, il y avait aussi un grenier à sel. L’importance économique de Latillé dans la région a continué jusqu’après la seconde guerre mondiale, décroissant petit à petit jusqu’à avoir aujourd’hui presque totalement disparu. Quand j’étais petite fille, les marchés du lundi étaient encore particulièrement animés, les fermières alentour venaient y vendre leurs produits, et sous la nouvelle halle, il y avait des foires aux bestiaux.
Le Petit Bourg est le siège du pouvoir spirituel, avec l’église Saint Cybard, le presbytère, le cimetière, la petite école libre pour les filles. Ecoutons l’association des Amis du bourg de Latillé nous parler de l’église.
Le bas bourg, centre du pouvoir religieux, avec son église et son presbytère; il est situé rive gauche au Nord. L’église de base romane ( modillons romans à l’extérieur du chevet nord) a été modifiée à l’époque gothique puis au 17ème siècle. Elle a surtout connu des transformations au 19ème siècle par un agrandissement important avec l’adjonction d’un transept et la surélévation du clocher d’un étage.
On voit clairement sur ce cadastre que le cimetière se trouvait autour de l’église. Bien sûr, ce n’est plus là qu’il se trouve maintenant, même si quand j’étais petite, on y voyait encore quelques très vieilles pierres tombales. Au coin de cette cour d’église, un peu en surplomb de la route qui monte vers Puyhervé et Ayron, une croix est érigée, près de laquelle comme des générations d’enfants avant moi, j’ai joué avec mon frère et mes cousins germains.
La maison et la boutique de mes arrières grands parents François Guignard et Angelina Peroche, première génération à avoir habité au Petit Bourg, depuis leur mariage en octobre 1869, se trouve juste en face de l’église. Ce sont sur le cadastre ci-dessous les lots 374, 375 et 376, une maison, une cour, une boutique auxquelles on accède par une des venelles typiques de Latillé, qui sont un des nombreux charmes du village. C’est là que j’ai passé mes vacances d’été au rythme des cloches et des carillons. Le samedi avec Michelle Sapin, vieille amie de ma grand-mère Marie Rose Guignard, jamais mariée, qui habitait quelques maisons plus loin, j’allais fleurir l’autel pour la messe du lendemain. Nous avions notre banc familial, à gauche dans la travée, qui dans les années 60 avait remplacé les chaises au siège de paille. Les chaises aussi, elles étaient réservées à la famille à cet endroit précis dans le transept de l’église. Quand j’ai eu 8 ans, mon oncle a emprunté la clef de l’église pour me faire monter en haut du clocher et de là haut embrasser du regard le paysage de mon village, la vallée, les prairies, les châteaux, les toits de tuile des maisons.
Aujourd’hui, il n’y a plus de commerce au Petit Bourg de Latillé. L’épicerie de Madame Mercier, à côté du presbytère, où nous allions mon frère et moi dépenser quelques centimes en caramel et roudoudou, a fermé depuis longtemps. L’école privée est devenue une maison particulière. La maison de mademoiselle Sapin est fermée, endormie depuis son décès, comme tellement des maisons de ce Petit Bourg, vieilles, peu commodes, qui ont besoin de trop de travaux pour leur redonner le confort moderne sans lequel nous n’imaginons plus de vivre aujourd’hui. Il n’y a plus de messe dominicale dans l’église Saint-Cybard, et le presbytère dans lequel ne vit plus de curé a été mis en vente par la municipalité. Latillé s’est assoupi, mais le charme du village peut encore agir sur les visiteurs.
Si vous souhaitez passer deux jours au Futuroscope, qui n’est qu’à un quart d’heure de voiture de Latillé, pourquoi ne pas loger dans une des jolies maisons d’hôte qui s’y sont ouvertes ces dernières années.
Sources et liens
- Mairie de Latillé – Histoire de Latillé
- Office du tourisme du Vouglaisien – Circuit Latillé
- Site des Amis du Bourg de Latillé
- Randonnée Circuit de la vallée de l’Auxance
- La Gentilhommière – maison d’hôtes
- La Loge des fées – maison d’hôtes