Je continue à travailler sur l’histoire de la Gandinière, ce lieu-dit de Gourgé où les ancêtres de mon grand-père et de ma grand-mère maternels se sont installés, venant des Mauges, de la paroisse de Saint-Christophe-du-Bois.
Comme chaque fois que je fais une recherche en Gâtine, j’ai consulté le site d’Albéric Verdon. Voici ce que j’ai trouvé concernant Louise Dixneuf.
Louise Dixneuf est mentionnée dans quatre contrats de mariage concernant quatre de ses enfants, entre 1784 et 1786. J’ai reçu rapidement les actes numérisés – merci encore Albéric pour votre aide – et les ai lu tout aussi vite. L’écriture de Jacques Miot notaire à Gourgé est particulièrement lisible. Je connaissais déjà les mariages en question, grâce aux actes trouvés dans les registres paroissiaux. Mais les contrats de mariage donnent toujours des détails supplémentaires.
Janvier 1784 – Deux mariages
Le mardi 27 janvier 1784, avant midy, on se réunit à la Gandinière, dans la maison de Pierre Rault et Louise Dixneuf, pour établir les contrats de mariage de Louise Rault, l’ainée de la fratrie, avec Michel Louis Blais, et de Pierre Rault, l’ainé des fils, avec Marie Jeanne Blais.
Sont présents les notaires, Jacques Miot, notaire à Gourgé et Thenezay, et son collègue Geoffroy.
Du côté familial, les quatre parents sont présents, ce qui est remarquable pour l’époque. En plus de Pierre Rault et Louise Dixneuf, parents de Louise et Pierre Rault, sont présents Michel Blais et Marie Richard, qui habitent Vieil Peratte, paroisse de La Peyratte.
Au niveau familial, du côté des Reau, ne sont présents que les frères et soeurs de Louise et Pierre : Jean, Louis, François et Marie. Du côté des Blais, sont présents Jaques et Marie Magdelaine Blais, frère et sœur, et Pierre Coutentin, cousin. S’il y a d’autres personnes présentes, elles ne sont pas nommées individuellement mais regroupées, pour chaque famille, sous le vocable général « proches parents et amis ».
Et comme personne, à part les notaires, ne signe les deux contrats de mariage, il m’est impossible de savoir si la famille Reau a vraiment des parents proches à Gourgé, ou si toute leur parentèle est restée à Saint-Christophe-du-Bois.
Les deux contrats sont quasiment identiques. Les deux familles échangent en fait une fille. Louise va vivre chez ses beaux parents, les Blais, et Marie Jeanne Blais vient vivre à la Gandinière. Les hommes et les femmes apportent chacun 50 livres de dot, qui entrent dans la communauté. Donc financièrement, l’opération est blanche. Les épouses n’entrent pas dans la communauté entre les parents et le fils, et en échange de leur travail – ses peines et travaux – elles seront nourries et entretenues de vêtements, de même que les enfants qui naitront des mariages.
Bref, ces deux mariages sont très clairement des arrangements pour conserver le patrimoine et la force de travail de chacune des familles.
Le même jour, donc vraisemblablement l’après-midi, les deux couples sont mariés, l’un après l’autre, dans l’église paroissiale de Gourgé.
Octobre 1784 – Mariage de Jean
Jean est le second fils de la fratrie, né en 1760 à Saint-Christophe-du-Bois. Il se marie en 1784, lui aussi, il a 24 ans.
Cette fois le notaire, maitre Jacques Miot, se rend à Oroux, de l’autre côté du Thouet, dans la maison de François Thibault, laboureur curateur aux causes de l’épouse, Magdeleine Barreau. Je note que le contrat est rédigé le 12 octobre 1784, avant midi, alors que la cérémonie de mariage a eu lieu la veille, 11 octobre 1784, à l’église d’Oroux. Décider des clauses du mariage après qu’il soit célébré – et consommé ? – pourrait être dangereux, à cette époque où il s’agit plus souvent d’un processus patrimonial que de la conclusion d’une histoire d’amour.
Et cette fois ci, Jean reçoit 50 livres de ces parents, à valoir sur sa page d’héritage, comme son frère et sa sœur quelques mois plus tôt, mais il épouse une jeune femme orpheline – et « riche héritière » dans le contexte de mes petits laboureurs. Les droits mobiliers et immobiliers de Magdeleine, lui venant des héritages de son père et de sa mère, sont évalués à la somme de 1000 livres. 1000 livres pour elle, 50 livres pour lui. Bien sûr, il ne rentre que 50 livres des biens de l’épouse dans la communauté, et elle a droit à un douaire en cas de prédécès de son mari, mais c’est probablement une clause habituelle.
Même si Jean fait apparemment un beau mariage – et quitte donc la Gandinière pour s’installer avec sa nouvelle épouse au Frêne, sur la commune de Gourgé – il faudrait que j’en sache plus sur la suite de leur communauté si je veux mieux approcher la réalité.
Il n’y a pas d’autre mariage à la Gandinière pendant une période assez longue, alors même que Marie, la seconde des filles, née en 1757, approche de l’âge de 30 ans. Louis, mon aïeul, est aussi en âge de se marier, il a plus de 25 ans. Le reste de la fratrie a encore moins de 20, ou à peine cet âge, et il n’est pas urgent de les marier.
Octobre 1786 – Mariage de Marie
Marie, née le 2 mai 1757, a plus de 29 ans, bientôt 30, quand elle se marie, enfin. Et Marie fait un beau mariage, avec un barbon de 55 ans, certes, mais un barbon qui a du bien.
Le 10 septembre 1786, maitre Miot reprend le chemin de la Gandinière pour y rédiger le contrat de mariage de Marie Rault avec le sieur Antoine Beguin, dit Marey, veuf et père d’un fils d’une vingtaine d’année. Le contrat est très précis, et certaines clauses – entre autres celles qui attribuent au fils les objets de valeur – boucles de souliers, montre, couverts en argent – du père, sont dites être clauses qui annuleraient le mariage si la famille de la mariée les refusait. Marie va épouser un homme au patrimoine supérieur à celui de sa famille, mais fait-elle pour autant un beau mariage ? Le doute est permis.
Toute la famille de Marie est présente à la signature du contrat – enfin, chez les Reau/Dixneuf, personne ne signe, alors que les Beguin père et fils signent.
Mais c’est une autre des personnes présentes à la signature du contrat qui a attiré mon attention.
Un indice ?
Une certaine Anne Angélique Roquet, veuve de monsieur Cossin de Belle Touche, assiste au contrat – et le signe.
Qui est donc cette « metraisse »? Ou bien ai-je mal lu le mot? S’agit-il de la personne qui possède les terres que la famille Reau exploite à la Gandinière? Vous comprenez pourquoi j’ai immédiatement pensé à un indice .
J’ai voulu en savoir plus sur cette Anne Angélique Rocquet de Montour, épouse de Charles Cossin de Belle Touche, décédé avant 1786. Elle est née à Maulévrier, à proximité de Saint-Christophe-du-Bois, une paroisse où habitait René Dixneuf, le frère de Louise. Elle s’est aussi mariée à Maulévrier, avec Charles Lézin Cossin de Belle Touche, qui appartient à une famille de petite noblesse des alentours de Parthenay. Son époux est d’ailleurs mort à Châtillon-sur-Thouet, à côté de Gourgé.
J’ai donc un couple de petite noblesse – enfin, pas si petite, l’époux est docteur en médecine de l’université de Montpellier, et son père fut mousquetaire du roi, officier de la maison du roi, et inspecteur général des poudres du Poitou – dont les racines sont à cheval entre les Mauges et la Gâtine …. tout comme celles de mes ancêtres Reau-Dixneuf.
Que de questions …
Anne Angélique possède t’elle les terre de la Gandinière ? Et si oui, pour le savoir, il faut que j’épluche les actes notariés ou l’enregistrement – sur place à Niort.
Ou bien est ce juste le signe que les relations et les déplacements entre Cholet et Parthenay étaient bien plus fréquents et courants que je le croyais ?
Je ne sais pas si cette nouvelle piste va me mener quelque part, je ne suis même pas sûre de savoir comment la traiter …. mais quel plaisir – quelle #geneajoie comme on l’écrit sur Twitter – que de l’avoir découverte.
Sources et liens
- Contrats de mariage du 27/01/1784 devant maitre Miot – AD79 – 3 E 8350
- Contrat de mariage du 12/10/1784 devant maitre Miot – AD79 – 3 E 8350
- Contrat de mariage du 10/09/1786 devant maître Miot – AD79 – 3 E 8351
- Contrats obtenus grâce à la gentillesse d’Albéric Verdon