A comme Apothicaire



Aucun thème précis pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, juste une promenade à la rencontre de personnes ou d’anecdotes rencontrées au cours de mes recherches


Le 23 octobre 1623 à Paris, il y a presque 400 ans, Mathurin de Lafontaine est reçu à la maîtrise de marchand épicier et marchand apothicaire.

C. Warolin – Les apothicaires et la maitrise d’épicerie à Paris

Pour obtenir ce titre enviable, il a dû faire de longues études, connaitre la langue latine, avoir au moins 25 ans, accomplir son apprentissage auprès d’un maitre, d’une durée minimum de quatre ans, et réussir différentes épreuves : une interrogation orale de trois heures sur l’art pharmaceutique, passée au petit cloitre Sainte Oppportune; un « acte des herbes », qui consiste en la reconnaissance d’herbes médicinales et de leurs propriétés, passé au Jardin des apothicaires, rue de l’Arbalète; et enfin un chef d’œuvre de cinq compositions avec démonstration des drogues entrant dans chacune des compositions.

En novembre 1638, Louis XIII publie de nouvelles lettres patentes portant confirmation de nouveaux statuts pour le corps des épiciers et des apothicaires. Ces nouveaux statuts précisent qu’on doit être français ou naturalisé et sujet du roi de France pour accéder à la maitrise et met en place une distinction entre maitres épiciers et maîtres apothicaires.

Mais quand Mathurin de Lafontaine passe sa maitrise d’épicier et d’apothicaire, en octobre 1623, la distinction n’est pas encore effective.

Mathurin de Lafontaine est le Sosa 11066 à la génération 14 de mes enfants. Il appartient à leurs plus anciennes racines parisiennes connues, ces ancêtres nés après les guerres de religion, et qui ont connu le règne d’Henri IV et de Louis XIII. Il est particulièrement difficile de les pister, et si Mathurin n’avait pas appartenu à une profession aussi réglementée – et rare – je ne saurais rien de lui.

[Mathurin_de_Lafontaine_Sosa_11066 ]

Puisqu’il a été reçu à sa maitrise en octobre 1623, et qu’il avait au moins 25 ans, on peut estimer que Mathurin de Lafontaine est né vers 1595. Grâce au registre de l’école de pharmacie analysé par Christian Warolin pour sa thèse, on sait qu’en décembre 1621, Mathurin de Lafontaine était en apprentissage chez Mathurin de Moucheny.

Dans le tableau de maitrise d’apothicairerie, il y a deux Mathurin de Moucheny, qui sont vraisemblablement des générations différentes.

C. Warolin – Les apothicaires et la maitrise d’épicerie à Paris

Le plus ancien a eu sa maîtrise en 1599, le second en 1620. Mathurin de Lafontaine pourrait il avoir commencé son apprentissage avec un maître apothicaire reçu à la maîtrise depuis à peine une année? C’est peu probable, mais ca n’est pas impossible.

Mathurin de Lafontaine est l’époux de Geneviève de Moncheny/Moucheny. Est elle de la famille de Mathurin de Moucheny, l’apothicaire ? Sa fille ? sa nièce ?

Les de Moucheny sont une des familles les plus influentes dans le milieu des apothicaires au 17ème siècle, sur une période d’une cinquantaine d’années.

C Warolin – Les de Moucheny

A partir du contrat de mariage de Jacques de Moucheny, le 17 mai 1633, C. Warolin reconstitue la filiation entre ces divers apothicaires.

A la fin de l’ouvrage Centenaire de l’Ecole de Pharmacie se trouve une analyse des portraits d’environ 90 apothicaires et pharmaciens. Parmi eux figurent les portraits de deux des Mathurin de Moucheny, de Jean de Moucheny et de Mathurin de Lafontaine.

En l’absence d’un contrat de mariage entre Mathurin et Geneviève, actuellement non trouvé, comment puis je retrouver la relation familiale entre Mathurin de Lafontaine et les Moucheny ?

Reprenons les actes trouvés en ligne.

Mathurin de Lafontaine est mort à Paris, dans sa maison rue St Honoré, le 29/02/1668.

Caran – Registre des scellés apposés – en ligne sur Geneanet

Je lui ai retrouvé trois enfants vivants à son décès : Geneviève Delafontaine, Sosa 5533 de mes enfants, épouse de Claude Goret; Anne Delafontaine, épouse de Séverin Rousseau; Marc Delafontaine, mineur au moment du décès de son père.

Le mardi 23 avril 1668, Séverin Rousseau, tuteur de Marc, réunit un conseil familial au Chatelet pour y décider de travaux dans la maison où est mort Mathurin de Lafontaine – et qui est dans la succession de Marc, sans que cela soit vraiment clair à partir du document.

Sont présents : Claude Goret, beau frère de Marc; Simon Langlois l’ainé, époux d’Anne de Moucheny, oncle maternel; Nicolas Chuppin époux de Françoise de Moucheny, oncle maternel; Louis de Moucheny, oncle maternel; Simon Langlois le jeune, cousin germain; Nicolas Chuppin le jeune, cousin germain.

Représentation graphique des liens familiaux à partir de l’acte du 23/04/1668

Le jeudi 14 novembre 1640 les parents et amis des jeunes Pierre de Moucheny, 17 ans, et François de Moucheny, 15 ans, fils du défunt Pierre de Moucheny bourgeois de Paris et de Catherine Yon, désormais sa veuve, se réunissent pour décider de la tutelle des jeunes garçons.

Sont présents ou représentés Jacques et Mathurin de Moucheny, tous les deux marchands maitres apothicaires et épiciers, oncles paternels; Antoine Thérines, maitre peintre à Paris, cousin germain paternel, Jacques de Moucheny marchand maitre apothicaire et cousin germain paternel, Mathurin Lafontaine, cousin germain paternel, Jean Yon, docteur en la Sorbonne, et d’autres personnes du côté maternel.

Avant d’essayer d’intégrer ce nouvel acte dans mon graphique, je note qu’en novembre 1640, Mathurin de Lafontaine est déjà l’époux de Geneviève de Moucheny, et que s’il est cousin germain des jeunes orphelins Pierre et François, c’est « à cause » de son épouse bien que cela ne soit pas stipulé directement dans l’acte.

Sur Geneanet, j’ai trouvé une ascendance possible de Geneviève de Moucheny, que je n’arrive pas pour l’instant à sourcer. Geneviève, Anne, Françoise et Louis seraient les enfants de Mathurin de Moucheny, apothicaire à Paris, et d’Anne de Verton.

Geneanet – Genealogie de François de Boisdeffre – vois sources et liens

Mathurin de Lafontaine aurait il épousé la fille de son maître d’apprentissage ? C’est une hypothèse plausible.

A quoi ressemble ma carte mentale si j’y intègre les éléments ci dessus ? Les relations déduites de l’acte de tutelle de 1640 y sont indiquées en mauve.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

A ce stade de mon article, il faut que j’insiste sur le fait que pour l’instant rien me me permet de dire que le Mathurin de Moucheny, oncle paternel des jeunes orphelins, est bien le père de Geneviève de Moucheny et de ses frère et soeurs. Je ne suis actuellement même pas sûre que ce père se prénomme bien Mathurin, n’ayant encore vu aucun acte me l’indiquant.

Mais Geneviève de Moucheny épouse de Mathurin de Lafontaine est forcément liée à Mathurin et Jacques, les oncles paternels des jeunes orphelins. Elle est soit la nièce des deux apothicaires, soit la nièce de Jacques et la fille de Mathurin.

A défaut d’être sûre à ce stade du type de lien familial, je suis au moins sûre que quand Mathurin de Lafontaine épouse Geneviève de Moucheny, il entre effectivement dans la famille des de Moucheny apothicaires.

Une recherche supplémentaire via Geneanet me permet d’en savoir plus sur Antoine de Thérines, le cousin germain. Sa mère est Geneviève de Moncheny, soeur de Mathurin de Moncheny, et à travers elle mon arbre parisien aborde le monde des peintres au XVIIe siècle, largement documenté par un inventaire des documents du Minutier Central. Au fil des actes notariés on y découvre que Geneviève de Moncheny a été mariée deux fois. De son premier mariage, elle a eu entre autres deux filles, mariées toutes deux à des peintres du XVIIe siècle :

  • Denise Ménissier, mariée à Blaise Barbier en 1618
  • Geneviève Ménissier, mariée à Claude de la Bruère en 1610

Mathurin de Moncheny apparait régulièrement comme protagoniste dans les actes concernant les deux beaux frères, il est indiqué plusieurs fois qu’il est l’oncle de Geneviève et de Denise. S’agit il comme je le pense du beau-père de Mathurin de Lafontaine ? Rien là encore ne me permet de le vérifier, ni de remonter une génération. Mais la consultation – dans les mois à venir – du contrat de mariage de Denise Ménissier et Blaise Barbier pourra peut-être m’éclairer.

Reste à savoir quel est le Mathurin de Moucheny qui est le maitre d’apprentissage et le père de Geneviève ? Si on reprend la nomenclature de Christian Warolin, s’agit il de Mathurin I, II ou III ?

Mathurin III est reçu à la maitrise d’apothicairerie le 27 mars 1620, il est clairement de la génération de Mathurin de Lafontaine et de Geneviève de Moucheny, probablement cousin germain de Geneviève.

Mathurin II est reçu à la maitrise d’apothicairerie par examen et chef d’oeuvre le 29 septembre 1599. Au niveau chronologique, c’est le candidat le plus probable pour être à la fois le maitre d’apprentissage et le beau père de Mathurin de Lafontaine.

Que donnerait alors l’arbre familial des Delafontaine-Moucheny – qui pour rappel est actuellement une hypothèse de travail, qu’il faudra encore que je confirme ou que j’infirme, à partir des actes que je pourrai trouver et surtout des indexations du projet Familles Parisiennes.

Les nouvelles informations, conformes à l’analyse faite par Christian Warolin dans son étude de la filiation des Moucheny, sont indiquées en vert.

Cliquez sur l’image

Maintenant que j’en sais un peu plus sur Mathurin de Lafontaine, et que j’ai relié mes enfants à la lignée des Moucheny, pourquoi ne pas en faire un portrait ?

Retrouvez moi sur le blog, le 14 novembre 2020, pour la lettre M – M comme Mathurin, bien sûr.

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