La déclaration de succession d’Henriette Bérard



Grâce à Marie-Laure Jolly, j’ai enfin récupéré début juillet la déclaration de succession d’Henriette Françoise Bérard, Sosa 173 de mes enfants, morte le 7 août 1849 à Belleville, alors village indépendant de Paris. Les déclarations de succession de la commune de Belleville, avant son intégration en 1862 dans Paris, sont conservées aux archives de Seine-Saint-Denis, à Bobigny.

[Françoise_Berard_Sosa_173 ]

Françoise Henriette Thérèse Bérard est née vers 1758 à Paris, sans que j’ai pour l’instant plus de précision sur sa date de naissance. Elle est très probablement née rue du Puits, où ses parents Jacques Bérard et Marie Thérèse Devienne habitaient. Je vous ai récemment parlé de sa mère, Marie Thérèse Devienne, qui hébergeait semble t’il son confesseur, Pierre Nicolas Mahieu de Saint-Just.

Le 20 novembre 1790, Henriette épouse son cousin issu de germain, Denis Bonaventure Pelletier de Chambure, en l’église Saint-Sauveur à Paris. Je n’ai à ce jour retrouvé ni acte, ni contrat de mariage, malheureusement, juste une mention du mariage sur une table des mariages de Paris publiée sur FamilySearch. Mais j’ai trouvé la dispense de mariage que le couple a fait le 11 novembre 1790, et qui a été numérisée sur Geneanet. J’avais évoqué cet épisode dans un article. Les jeunes gens demandaient à se marier, bien qu’étant cousins issus de germain, parce que la jeune femme était enceinte.

Deux mois plus tard, le 20 janvier 1791, naît un fils, légitime grâce au mariage sur le fil de ses parents, Alexandre Louis Claude Pelletier de Chambure, baptisé le 21 janvier 1791 en l’église Saint-Eustache à Paris.

Louis Alexandre est le sosa 86 de mes enfants.

Henriette met ensuite au monde deux autres fils dont j’ai retrouvé la trace :

  • Denis Gabriel, né le 25 novembre 1793 et baptisé en l’église Saint-Eustache
  • François Saint-Ange, né le 10 janvier 1797 à Paris, baptisé le 11 janvier 1797 en l’église Saint-Eustache.

J’ignore si Henriette a eu d’autres enfants qui ne seraient pas arrivés à l’âge adulte. Dans l’état actuel de mes recherches, les trois garçons sont les seuls fils connus du couple.

Les années passent.

Le fils ainé, Alexandre, a 17 ans quand il intègre le service postal de l’armée d’Espagne et de Portugal, comme son oncle Louis Mathurin Pelletier de Chambure, qui sert l’administration impériale dans le service des postes. En 1812, Alexandre est à Amsterdam et épouse Jeanne Arnoldine Donker van der Hoff. J’ai retrouvé l’acte de mariage, mais pas encore le contrat de mariage, qui existe forcément. Mais il est probablement conservé aux archives d’Amsterdam, et non aux archives de Paris. Les parents du jeune homme ont ils fait le déplacement, je l’ignore, mais ils ont donné leur consentement, si j’en crois l’acte, un peu succinct.

Le jour d’hui le vingt un decembre mil huit cent douze à trois heures de relevé par devant nous ? adjoint au maire d’Amsterdam et officier de l’etat civil spécialement delegué au lieu de nos audiences se sont présentés pour contracter mariage Alexandre Louis Claude Pelletier de Chambure caissier de postes de la Hollande baptisé le vingt un janvier mil sept cent quatre vingt onze à paris departement de la Seine demeurant à Amsterdam et de droit chez ses pere et mere à Paris fils majeur de Denis bonaventure pelletier de Chambure propriétaire et de françoise henriette therèse berard son epouse d’une part et Jeanne Arnoldine Catherine Donker van der Hoff sans profession baptisée le vingt deux avril mil sept cent quatre vingt sept à Haarlem departement du ZuiderSée demeurant chez ses père et mere à Amsterdam fille majeure de Daniel Donker van der Hoff inspecteur des postes et de marie Catherine Ernst son épouse d’autre part, les actes préliminaires dont il a été fait lecture ainsi que du chapitre six du titre mariage de la loi du 25 ventose an onze sont 1° extraits des registres des publications duement faites à amsterdam le huit et quinze et à paris le vingt deux et vingt neuf novembre dernier 2° les actes baptistères des epoux 3° les consentements mutuels de leurs peres et mere apres quoi nous avons demandé individuellement et nominativement aux dits epoux s’ils se prennent mutuellement pour mari et femme lesquels ayant répondu séparément et affirmativement nous avons proclamé qu’au nom de la loi ils etaient unis en mariage le tout conformément au chapitre trois de la loi du vingt ventose an onze, et en presence de benoist placide boillot controleur principal des postes oncle de l’époux âgé de quarante trois ans, Jean Jones percepteur des contributions directes agé de quarante un ans, nicolas scitivaux payeur de la cy division militaire agé de cinquante ans et ? Johan Adolphe Vermeer secrétaire de la direction principal des postes agé de vingt six ans, tous domiciliés à Amsterdam et et nous avons rédigé le present acte dont nous avons fait lecture aux comparants, lesquels ont signé avec nous.

En 1826, l’époux d’Henriette, Denis Bonaventure Pelletier de Chambure, décède à Saulieu, origine de la famille Pelletier de Chambure. Je retrouve sa déclaration de succession en ligne sur les archives de Côte d’Or, j’en ai fait la demande auprès du fil d’Ariane. Mais déjà ce que je lis sur la déclaration m’interpelle. Il est fait mention d’un seul héritier, Ange, receveur de l’enregistrement … Pourtant, en 1825, Alexandre est l’ainé, marié et père de famille – des quatre enfants que son épouse et lui vont avoir. Il est directeur des postes à Metz à l’époque. Pourquoi en tant qu’ainé n’est il pas mentionné sur le tableau ? Pourquoi un seul fils est-il indiqué?

A priori, Henriette retourne vivre à Paris.

Denis Gabriel, le second fils, travaille à la direction des Postes, à Paris, le dernier des frères François Saint Ange est receveur de l’enregistrement en Bourgogne. Il se marie en 1832, et il va avoir deux enfants. Parmi sa descendance se trouvent la baronne Philippine de Rothschild et son fils, les propriétaires du vignoble Mouton-Rothschild.

En 1838, Alexandre Louis Claude meurt à Strasbourg à 47 ans. Il laisse une veuve et quatre enfants, entre 13 et 19 ans.

En théorie, selon le Code Civil qui s’applique en France depuis 1804, la succession entre tous les enfants doit être égalitaire, et quand un enfant décède, ses héritiers prennent sa place dans la succession.

C’est ainsi qu’il semble que la succession des parents de Denis Bonaventure Pelletier de Chambure a été réglée, les enfants de son fils ainé, Hugues, guillotiné en 1794, ayant reçu sa part d’héritage.

Et pourtant, quand Henriette Bérard décède en 1849, la déclaration de succession que Denis Gabriel dépose au bureau de Belleville, et que je viens d’obtenir, est claire – et surprenante.

AD93 – Registre des mutations par décès Belleville – DQ14/1171

Succession directe de BERARD Henriette Thérèse décédée à Belleville le 7 août 1849 N° 21-399
du vingt huit decembre
N° 409 A comparu M. Denis Gabriel Pelletier de
Chambure employé à l’administration des postes à Paris,
demeurant à Belleville, rue de Lavillette, 55, lequel a
déclaré que Mad. Françoise Henriette Thérèse Bérard
sa mère est décédée à Belleville le sept Août 1849
et que par ce décès il lui est échu à lui-même ainsi
qu’à M. François Ange Pelletier de Chambure,
receveur de l’Enregistrement à Semur, tous deux frères
germains issus du mariage de la défunte avec M.
Pelletier de Chambure, son mari décédé les biens ci-après :
Il ne dépend de cette succession que les objets mobiliers
détaillés en un état estimatif remis en ce bureau et montant
à douze cents francs
Reçu à un quart pour cent, trois francs
Affirmant sous les peines de droit la présente
déclaration sincère et véritable et a signé, après lecture

Les héritiers d’Henriette Bérard sont ses deux fils Denis Gabriel et François Saint Ange, qui se partagent le petit patrimoine correspondant aux biens mobiliers de leur mère, environ 1200 francs. Il n’est fait absolument aucune mention de leur neveu et nièces, les enfants de leur frère ainé Alexandre ….

Aucune mention de testament n’est faite sur la table de succession, Henriette semble être morte intestat, et aucun inventaire n’a été fait. Quelle raison peut donc expliquer que les enfants d’Alexandre soient privés de leur part d’héritage? Y a t’il une explication dans les contrats de mariage que leurs parents ou eux-mêmes ont probablement signés et que je n’ai pas encore trouvés ? Y a t’il une explication dans la déclaration de succession de Denis Bonventure, le père de famille, à Saulieu ?

Trouver un acte n’est parfois que la nouvelle étape d’une recherche encore plus longue.

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